Isabelle Domagé Gerson
Artiste plasticienne
gerson.isabelle07@gmail.com
07 86 44 30 31
Instagram : isabelle.domagegerson
Facebook: isabelle Domage Gerson
Vit et travaille à Levallois Perret
Cours de dessin et de peinture de 2001 à 2006
Arts Plastiques Sorbonne
2001 à 2004 : Atelier Delphine Barrat
2004 à 2010 : Atelier Robin Thiodet
2006 : Arts Plastiques - Université Sorbonne Paris I
2003 : Exposition collective Hotel de Ville Courbevoie
2009 : Performance Courbevoie
2011 : Salon des Réalités Nouvelles
2012 : Exposition personnelle Centre Culturel 92
2013 : Performance Montreuil
2014 : Performance avec collectif d'artistes Ume
2013 à 2017 : Salon Réalités Nouvelles Parc Floral Vincennes
www.realitesnouvelles.org
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« Les mots massacrent. Peindre est à la fois inévitable et inexplicable »
Je m’incline vers des créations aériennes, quelque chose de diffus , de divin ?
L’image reste ouverte, elle bouge, se bat, disparait, se transforme constamment jusqu’à trouver un équilibre éphémère. Multiplier les gestes, jouer avec les couleurs et les silences, pour que quelque chose échappe aux spectateurs, quelque chose de caché, introduisant une forme d’étonnement dans le cours régulier de la vie.
Laisser les autres penser l’œuvre, fantasmer ce qu’elle peut être.
Mettre en scène, confirmer ou nier la symétrie de nos nerfs optiques…. je veux faire raisonner un sentiment de contentement équilibré ou de troubles vertigineux ?
« Quand on accède au sublime, c’est l’émerveillement »*
Des lumières et des couleurs en pleine agitation, nature infinie qui emporte, qui apaise, qui suspend le temps…
Créer des lieux destinés à susciter des émotions où la sonorité du tableau n’est pas douloureuse.
Une écriture en mouvement qui vous enlève vers une réalité nouvelle.
J’invite le spectateur à scruter au delà. Ces formes ne sont jamais la répétition de choses qui vivent dans la vie,
elles sont elles mêmes des choses vivantes.
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L’existence la plus achevée reste une œuvre ouverte, un passage dont aucune biographie ne possède la vérité ultime.
Rien n’est écrit, rien n’est figé, nos vies sont comme des étoiles filantes.
Isabelle Domagé Gerson
* Charles Juliet –Rencontre avec Bram Van Velde – Editions POL
Lettre de Robin Thiodet à Isabelle Domagé-Gerson – Novembre 2012
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C'est l'idée du végétal qui m'avait guidé. Le terme s'est imposé lors d'une de mes visites à ton atelier, attribut plutôt que substantif.
Cependant je présentais comme une objection immédiate qu'il ne pouvait pas s'agir d'un thème ou d'un sujet, que la forme ou plutôt l'informe me jouait des tours. Je te rassure: tu ne peins pas des fleurs.
J'aime pourtant la floraison: idée magnifique d'une nature qui donne à la fin du processus, en apothéose une fête de couleurs pour rien ou pour tout, fleur image du don, fête reproductive, éminemment sexuelle et bouquet final. Tu ne peins pas des fleurs parce que tu ne peins pas d'après nature mais par nature. Plutôt, c'est la nature qui peint par toi - ou en toi.
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C'est la Nature qui fleurit par toi.
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Et c'est évidement par delà le jeu des apparences que ta peinture est cette plante vivace. Ça pousse, ça n'arrête pas de pousser. Ça envahit tout - le « ça » est à dessein. C'est indéfini, ce n’est pas de la petite subjectivité qui va se plaindre sur la toile et pleurnicher sur les malheurs du monde. C'est beaucoup plus vaste et impersonnel que toi; c'est du ça; ça te peint, ça t'agit, ça te pousse, sans violence ni brutalité mais puissamment, irresistiblement. C’est constant, pas psychologique pour deux sous, métaphysique et primordial, instinctif et en tout cas préconscient et pré-individuel. C'est ça la Nature.
Je me suis déjà raconté en jardinier aux prises avec une plante envahissante. J'ai sincèrement cru pouvoir domestiquer tout ça en taillant les buis au carré. Mais la peinture ne pouvait que prendre toute la place disponible. Heureusement j'ai renoncé. Tâche de Sisyphe... Comment n’y avais-je pas pensé plus tôt ? Quel idiot ! La culture n'a rien à voir dans cette affaire. J'ai bien essayé d'étiqueter tout ça comme dans un jardin botanique: Monet, Mitchell, Twombly... mais si "les mots massacrent", les noms aussi. De toutes les façons tu t'en fous et comme tu as raison !... tu n'en as aucun besoin.
Pourtant j'en laisserai un, le nom d'un Dieu magnifique, Dieu de ce qui précisément excède les limites imposées par les noms, le nom de Dionysos. Ce qui crée en toi Isabelle, ce n'est pas Isabelle, c'est un principe qui l'excède, je l'ai appelé Nature, mais Dionysos est un autre de ses noms. C'est un Dieu malicieux au chariot couvert de guirlandes de fleurs nous dit Nietzsche, et qui danse sur les abîmes.
« Un Van Gogh, c’est un chef-d’œuvre… à la limite de n’être pas très bon. À la limite de la catastrophe. En art, le meilleur, c’est ce qui flirte souvent avec la catastrophe. »
dit Bertrand Lavier (ancien étudiant en horticulture).
Je me souviens tes luttes pour déchirer le rideau de grisaille, pour vaincre le chaos, pour percer la désespérante croute terne de la peinture acrylique. Je me souviens de tes gestes de dégoût, de tes ratures de ton regard en colère et des lueurs d’espoirs qui le traversaient parfois. Dionysos est un Dieu souffrant qui cherche impatiemment à décharger son énergie vitale surabondante, excessive, et qui le ronge intérieurement. Dionysos est orgiaque par inquiétude. Il s’enivre de sa propre prodigalité mais ne peut trouver son salut que dans la calme et belle figure de son autre absolu : Apollon.
Alors dans ton art il n’est nulle part question de la belle forme classique qui réconcilie les sens et l’idée en une totalité retrouvée mais pourtant Apollon est aussi un Dieu lumineux, brillant et c’est dans la lumière que tu as trouvé ton asile.
« J’ai brisé l’anneau de l’horizon, je suis sorti du cercle des choses, de l’anneau de l’horizon qui emprisonnent le peintre et les formes de la nature … »
Maintenant c’est Malévitch qui parle. Et toi, Isabelle, derrière le voile des objets finis, limités des choses de la nature (naturée) tu as trouvé l’illimité, l’infini créateur, Nature naturante… Deus sive Natura.